Mon héros, c'est mon père et son héros à lui, il va très mal aussi. Il est atteint d'un cancer aux poumons. Il avait une grosse tumeur qui lui a fait perdre la moitié de son poids. Cette vilaine tumeur lui a été retirée lors d'une opération qui a duré plus de 16 heures et qui lui aura laissé une énorme cicatrice tout au long de son torse.
Malgré cette opération, les cellules cancérigènes se sont répartis partout dans son corps. La médecine n'aura pas suffit et nous ne voulons pas qu'il subisse davantage d'opérations (s'il y en avait...), ce n'est maintenant qu'une question de temps, on le sait.
Mon grand-père et ma grand-mère à Hong Kong
Mon père, c'est mon héros. Il a toujours su assurer son rôle au sein de la famille et même dans la vie. Arrivé il y a un peu plus de 20 ans en France, il n'y connaissait que le mot bonjour. Aujourd'hui, il a élevé avec respect et amour ses 4 enfants sous un toit d'une grande maison avec jardin et de quoi nous nourrir, habiller et même plus. Il sait toujours tout faire, de la maçonnerie à l'informatique en passant par la cuisine, activité dont il en a fait son métier. Il a toujours su évoluer en même temps que les années qui passaient, en trouvant les mots justes pour me faire grandir et je dois dire que je n'étais pas un cas facile. Il n'a pas failli.
Depuis la perte de son petit frère l'année dernière, de nombreuses choses ont changé en lui. Il a baissé les bras contre l'adversité. Il a pris quelques années sur son visage en une seule année. Il est moins joyeux, plus fatigué, parfois déprimé. Il a perdu son frère, il va perdre son père.
Nous le savons, il le sait, c'est pour bientôt. Mon père est en France, son père lui, est à Hong Kong, à plus de 15 000 km l'un de l'autre. Son père va mourir mais il ne sait pas quand et ne sera sûrement pas à ses côtés.
Mon grand-père a 81 ans cette année. Il a vécu à Hong Kong la majorité de sa vie. Il a eu 2 femmes et 6 enfants (tous de la première femme), 4 filles et 2 garçons.
Mon père aurait voulu que mes grands-parents vivent en France, à ses côtés, avec de l'air pur et de grands espaces (en tout cas, en banlieue, chez nous). Mon grand père est trop attaché à son mode de vie et à son milieu pour vouloir le quitter. A 70 ans, on ne change pas de vie, on continue de la vivre comme on peut.
L'éloignement et l'inquiétude rongent mon père chaque soir. Les cauchemars remplacent les rêves si sommeil il y a. Il dort très peu et je compatis à sa douleur, moi même extrêmement attristée par la santé de mon grand-héros. C'est sûr, il faut que je me prépare. Chaque soir, je pense à mon père qui pense à son père.
Son héros va bientôt disparaître. Le mien, je veux qu'il soit présent longtemps, encore très longtemps...le plus longtemps possible...
